jeudi 4 juin 2015
Filled Under: sport
Une nouvelle bombe a explosé: Chuck Blazer, ancien haut dirigeant de la Fifa, a reconnu le versement de pots-de-vin du Maroc et de l'Afrique du Sud lors des processus d'attribution des Mondiaux-1998 et 2010, nouvel épisode d'un feuilleton déjà riche de la démission de Joseph Blatter, désormais dans le viseur de la justice américaine.
Ces aveux datent de 2013, mais leur révélation par la justice américaine après déclassification donne une ampleur supplémentaire à la crise sans précédent qui ébranle la Fifa.
Ancien membre du comité exécutif de l'instance de 1996 à 2013, Blazer, incontournable pendant deux décennies dans le foot sur le continent américain, a dévoilé les coulisses des attributions de deux éditions de la Coupe du monde. C'est le premier témoignage d'un haut responsable sur certaines pratiques obscures de la maison mère du foot basée à Zurich.
«Durant la période où j'ai travaillé pour la Fifa et la Concacaf (Confédération d'Amérique du nord, centrale et Caraïbes), j'ai entre autres commis avec d'autres personnes au moins deux actes d'activité de racket», a déclaré le fantasque barbu qui a, depuis, été remis en liberté sous caution et a coopéré pleinement avec les enquêteurs.
«J'ai accepté avec d'autres personnes en 1992 ou autour de cette date de faciliter le versement d'un pot-de-vin pour la sélection du pays hôte de la Coupe du monde 1998», a admis le millionnaire américain aujourd'hui âgé de 70 ans.
Dans un autre document, la justice américaine a précisé que «Blazer était présent lorsqu'un représentant du comité de candidature marocain a offert un pot-de-vin au complice N.1 en échange de sa voix pour le Maroc dans le scrutin pour le pays-hôte de la Coupe du monde 1998».
- Enquêtes au Venezuela, en Afrique du Sud et Australie -
L'organisation de la Coupe du monde 1998 avait finalement été confiée en juillet 1992 à la France, qui était concurrente du Maroc.
Selon Blazer, le même scénario s'est reproduit pour la Coupe du monde 2010, convoitée par l'Egypte, le Maroc et l'Afrique du Sud. L'Américain, entré dans l'intervalle au comité exécutif de la Fifa, a cette fois été l'un des bénéficiaires directs des pots-de-vin.
«A partir de 2004 et jusqu'en 2011, moi et d'autres membres du comité exécutif de la Fifa, nous avons accepté des pots-de-vin en vue de la désignation de l'Afrique du Sud comme pays organisateur de la Coupe du monde 2010», a-t-il admis.
La justice américaine soupçonne le Trinidadien Jack Warner, alors président de la Concacaf, d'avoir empoché 10 millions de dollars en échange de trois voix en faveur de l'Afrique du Sud lors du vote pour l'attribution du Mondial-2010.
L'Afrique du Sud a depuis reconnu que ces 10 millions de dollars avaient été versés au football caribéen par fraternité panafricaine, mais a balayé toute idée de corruption. La police a tout de même annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire à ce sujet.
Le bras droit de Blatter, Jérôme Valcke, secrétaire général de la Fifa et soupçonné d'être impliqué dans ce versement, a de son côté assuré mercredi qu'il n'avait «aucun reproche» à se faire.
Dans la foulée de ces révélations, les investigations ont pris un caractère mondial.
Ce scandale de corruption n'aurait jamais été possible sans la «complicité» des grandes banques internationales, et notamment américaines, a estimé jeudi Jubilee USA, un groupement d'organisations de lutte contre la pauvreté et l'opacité financière.
Selon l'ONG, 26 banques sont mentionnées dans l'acte d'accusation, dont JPMorgan Chase et Citigroup, et certaines d'entre elles ont permis à ces fonds de «circuler» dans le système financier américain.
Au Venezuela, le siège de la Fédération de football (FVF), dirigée pendant 28 ans par Rafael Esquivel, a été perquisitionné.
La justice vénézuélienne a ordonné «le gel des comptes bancaires et l'interdiction de vendre ou grever des biens» appartenant à Esquivel, détenu en Suisse à la demande de la justice américaine qui veut son extradition.
De son côté, la police australienne enquête sur un détournement de fonds présumé dans le cadre de la candidature de l'Australie à l'organisation du Mondial-2022, attribuée au Qatar sur fond d'allégations de corruption.
Le président de la Fédération australienne, Frank Lowy, estime que le processus de désignation du pays organisateur n'avait «pas été propre» et accuse Warner d'avoir détourné une importante donation australienne.
- Blatter ciblé -
Ce même Warner, visé par un mandat d'arrêt d'Interpol depuis une semaine, a allumé un contre-feu en affirmant détenir des documents prouvant l'implication de la Fifa dans les élections législatives de 2010 à Trinité-et-Tobago, son pays...
«Dans ces documents, il est aussi question de ma connaissance de transactions internationales au sein de la Fifa, incluant son président M. Sepp Blatter», a-t-il déclaré dans un spot de cinq minutes diffusé par la télévision TV6.
L'étau se resserre d'ailleurs de plus en plus autour de Blatter, acculé à la démission de son poste de président de la Fifa, mardi.
Selon des médias américains, le Suisse est maintenant lui aussi dans le collimateur de la justice US.
Le scandale a en tout cas donné des idées aux Anglais, candidats déçus à 2018, qui se sont dits, par la voix du ministre des Sports britannique John Whittingdale, prêts à accueillir le Mondial-2022 si l'attribution de la compétition au Qatar était remise en cause.
La Confédération asiatique de football (AFC) a aussitôt apporté son soutien au Qatar: «L'ensemble de la communauté asiatique du football est de tout cœur avec le Qatar, et nous sommes tous impatients d'accueillir la Coupe du monde et de recevoir le monde», a affirmé l'AFC.
Pour sa part, le «roi» Pelé a estimé que «c'est notre responsabilité de protéger ce magnifique sport pour les générations futures». «Nous devons traiter chacun avec honnêteté, respect et esprit sportif sur et en dehors du terrain», a ajouté le triple vainqueur de Coupe du monde avec le Brésil.
Ultime révélation sur les dérives de la Fifa: elle a déboursé cinq millions d'euros pour que la Fédération irlandaise ne porte pas en justice l'affaire de la main du Français Thierry Henry en barrages du Mondial-2010 contre l'Eire.
Source
Fifa: Blazer a reconnu des pots-de-vin, la crise s'amplifie
Une nouvelle bombe a explosé: Chuck Blazer, ancien haut dirigeant de la Fifa, a reconnu le versement de pots-de-vin du Maroc et de l'Afrique du Sud lors des processus d'attribution des Mondiaux-1998 et 2010, nouvel épisode d'un feuilleton déjà riche de la démission de Joseph Blatter, désormais dans le viseur de la justice américaine.
Ces aveux datent de 2013, mais leur révélation par la justice américaine après déclassification donne une ampleur supplémentaire à la crise sans précédent qui ébranle la Fifa.
Ancien membre du comité exécutif de l'instance de 1996 à 2013, Blazer, incontournable pendant deux décennies dans le foot sur le continent américain, a dévoilé les coulisses des attributions de deux éditions de la Coupe du monde. C'est le premier témoignage d'un haut responsable sur certaines pratiques obscures de la maison mère du foot basée à Zurich.
«Durant la période où j'ai travaillé pour la Fifa et la Concacaf (Confédération d'Amérique du nord, centrale et Caraïbes), j'ai entre autres commis avec d'autres personnes au moins deux actes d'activité de racket», a déclaré le fantasque barbu qui a, depuis, été remis en liberté sous caution et a coopéré pleinement avec les enquêteurs.
«J'ai accepté avec d'autres personnes en 1992 ou autour de cette date de faciliter le versement d'un pot-de-vin pour la sélection du pays hôte de la Coupe du monde 1998», a admis le millionnaire américain aujourd'hui âgé de 70 ans.
Dans un autre document, la justice américaine a précisé que «Blazer était présent lorsqu'un représentant du comité de candidature marocain a offert un pot-de-vin au complice N.1 en échange de sa voix pour le Maroc dans le scrutin pour le pays-hôte de la Coupe du monde 1998».
- Enquêtes au Venezuela, en Afrique du Sud et Australie -
L'organisation de la Coupe du monde 1998 avait finalement été confiée en juillet 1992 à la France, qui était concurrente du Maroc.
Selon Blazer, le même scénario s'est reproduit pour la Coupe du monde 2010, convoitée par l'Egypte, le Maroc et l'Afrique du Sud. L'Américain, entré dans l'intervalle au comité exécutif de la Fifa, a cette fois été l'un des bénéficiaires directs des pots-de-vin.
«A partir de 2004 et jusqu'en 2011, moi et d'autres membres du comité exécutif de la Fifa, nous avons accepté des pots-de-vin en vue de la désignation de l'Afrique du Sud comme pays organisateur de la Coupe du monde 2010», a-t-il admis.
La justice américaine soupçonne le Trinidadien Jack Warner, alors président de la Concacaf, d'avoir empoché 10 millions de dollars en échange de trois voix en faveur de l'Afrique du Sud lors du vote pour l'attribution du Mondial-2010.
L'Afrique du Sud a depuis reconnu que ces 10 millions de dollars avaient été versés au football caribéen par fraternité panafricaine, mais a balayé toute idée de corruption. La police a tout de même annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire à ce sujet.
Le bras droit de Blatter, Jérôme Valcke, secrétaire général de la Fifa et soupçonné d'être impliqué dans ce versement, a de son côté assuré mercredi qu'il n'avait «aucun reproche» à se faire.
Dans la foulée de ces révélations, les investigations ont pris un caractère mondial.
Ce scandale de corruption n'aurait jamais été possible sans la «complicité» des grandes banques internationales, et notamment américaines, a estimé jeudi Jubilee USA, un groupement d'organisations de lutte contre la pauvreté et l'opacité financière.
Selon l'ONG, 26 banques sont mentionnées dans l'acte d'accusation, dont JPMorgan Chase et Citigroup, et certaines d'entre elles ont permis à ces fonds de «circuler» dans le système financier américain.
Au Venezuela, le siège de la Fédération de football (FVF), dirigée pendant 28 ans par Rafael Esquivel, a été perquisitionné.
La justice vénézuélienne a ordonné «le gel des comptes bancaires et l'interdiction de vendre ou grever des biens» appartenant à Esquivel, détenu en Suisse à la demande de la justice américaine qui veut son extradition.
De son côté, la police australienne enquête sur un détournement de fonds présumé dans le cadre de la candidature de l'Australie à l'organisation du Mondial-2022, attribuée au Qatar sur fond d'allégations de corruption.
Le président de la Fédération australienne, Frank Lowy, estime que le processus de désignation du pays organisateur n'avait «pas été propre» et accuse Warner d'avoir détourné une importante donation australienne.
- Blatter ciblé -
Ce même Warner, visé par un mandat d'arrêt d'Interpol depuis une semaine, a allumé un contre-feu en affirmant détenir des documents prouvant l'implication de la Fifa dans les élections législatives de 2010 à Trinité-et-Tobago, son pays...
«Dans ces documents, il est aussi question de ma connaissance de transactions internationales au sein de la Fifa, incluant son président M. Sepp Blatter», a-t-il déclaré dans un spot de cinq minutes diffusé par la télévision TV6.
L'étau se resserre d'ailleurs de plus en plus autour de Blatter, acculé à la démission de son poste de président de la Fifa, mardi.
Selon des médias américains, le Suisse est maintenant lui aussi dans le collimateur de la justice US.
Le scandale a en tout cas donné des idées aux Anglais, candidats déçus à 2018, qui se sont dits, par la voix du ministre des Sports britannique John Whittingdale, prêts à accueillir le Mondial-2022 si l'attribution de la compétition au Qatar était remise en cause.
La Confédération asiatique de football (AFC) a aussitôt apporté son soutien au Qatar: «L'ensemble de la communauté asiatique du football est de tout cœur avec le Qatar, et nous sommes tous impatients d'accueillir la Coupe du monde et de recevoir le monde», a affirmé l'AFC.
Pour sa part, le «roi» Pelé a estimé que «c'est notre responsabilité de protéger ce magnifique sport pour les générations futures». «Nous devons traiter chacun avec honnêteté, respect et esprit sportif sur et en dehors du terrain», a ajouté le triple vainqueur de Coupe du monde avec le Brésil.
Ultime révélation sur les dérives de la Fifa: elle a déboursé cinq millions d'euros pour que la Fédération irlandaise ne porte pas en justice l'affaire de la main du Français Thierry Henry en barrages du Mondial-2010 contre l'Eire.
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